"Souo Sadaï Cambodia " *

Le Cambodge dessiné, par Sophie Bonnin et Chloé Roux


"Tout ce que je vois, tout ce que j’entends et qui m’entoure, m’est étranger, végétation, langue, sculpture, architecture, cris d’oiseaux, et parfums, mais je bats la campagne et je m’enchante".

Pierre Lartigue extrait de Le ciel dans l’eau - Angkor  éditions La bibliothèque, collection l’écrivain voyageur


     Le Cambodge est de ces pays où l’on plonge dans l’irréel.

     La richesse de l’Asie nous envoûte, la violence de son histoire nous percute, l’optimisme et la bienveillance des gens malgré leur passé nous émeut.
     Être spectateur ne suffit pas, on s’impregne de l’atmosphère, on s’approprie les lieux. C’est une nouvelle culture, un nouveau décor qui s’impose à nous et nous incite à aller à la rencontre des gens.

     Depuis des siècles des explorateurs, voyageurs, scientifiques utilisent le dessin comme fenêtre pour transmettre leurs expériences du bout du monde. Cette discipline très ancienne permet une autre approche du voyage. On prend le temps de s’asseoir, on regarde, sans mesurer le temps passé dans un endroit. Là où la photographie peut paraître intrusive, le dessin est un processus plus lent. 






     Traduisant sur papier ce que nous observons, le dessin permet de réinterpréter, de raconter une rue ou un paysage.

     Les curieux s’approchent de nous et ont envie d’échanger.

     Et puis il y a les portraits ; dessiner une personne, c’est partager un moment avec elle malgré la barrière de la langue, lui rendre hommage et laisser une trace de cette rencontre. Certains se sont étonnés de se voir peints sur un papier.



     Témoins discrets de scènes de vie, nous nous concentrons sur un instant, qui se prolonge sur le papier. Les passants viennent souvent nous aborder car le dessin est ludique, son effet est direct. On peut y mettre de l’humour, des émotions avec un seul coup de crayon, une seule couleur.




      A la différence du voleur d’image, quand celui qui dessine, offre son croquis, il reçoit un accueil unique et peut être même s’inscrit dans la mémoire des gens.
      
      Ils partagent le peu qu’ils ont avec l’étranger, curieux de savoir comment la vie se passe ailleurs. Il arrive aussi qu’ils soient amusés de constater que des détails qu’ils ne soupçonnaient pas pouvaient devenir pour nous caractéristiques de leur pays.




    
     On voudrait y rester, dans chaque endroit, parce qu’on sait qu’on y serait bien, mais le temps est compté - du moins pour cette fois – alors on dessine pour garder cette ambiance de temple improbable, motifs de végétation ou de bas relief, silhouettes en contre jour, visages d’Apsaras, architectures fragiles et sourires généreux.


Ainsi le cambodge est dans notre mémoire.

Sam nang laor**  Cambodia.

Sophie Bonnin et Chloé Roux.


* "Bonjour, Cambodge !"
** "Bonne chance"